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Publié en avril 2014
280 pages
ISBN : 978-2-37114-000-4
Résumé
Un siècle nous sépare de la guerre 14-18 et pourtant l’écho des combats, la souffrance des poilus résonnent encore, comme si le devoir de mémoire avait pris racine dans le sang versé. C’est le sens du livre écrit par Jean-Marie Borghino, redonner la parole à ceux qui ne l’ont plus, traiter par la fiction leur vie quotidienne dans les tranchées, leur espoir aussi d’une vie meilleure dans une Europe apaisée….
Extrait
1. mobilisation
MOBILISATION – Soldat Jules MAZEL 111ème RI Près de BONNEVAL au sud de CHARTRES
30 juillet 1914
Tous ces bruits de guerre qui circulent depuis quelques jours ont perturbé quelque peu notre labeur dans les champs. C’est l’époque des moissons et nous avons besoin de tous les bras valides. Au village, on ne parle plus que de mobilisation générale ; il paraît que la Russie vient de le faire et je pense que ça serait un véritable désastre s’il me fallait abandonner mon exploitation sur l’heure. De plus, je ne me sens pas une âme de combattant et je ne suis pas très enclin à lever une arme contre un autre homme quel qu’il soit. Mais comment peut-il y avoir une guerre ? Nous sommes une nation civilisée, et c’est le XXème siècle ! L’été est radieux, la campagne magnifique, la récolte cette année s’annonce prometteuse et ma femme vient de mettre au monde une belle petite Louisette à la frimousse potelée. Pourtant, toute cette agitation en ville n’a rien de rassurant ; on ne parle plus que de reconquête, de revanche, tout le monde veut se battre et en découdre avec l’ennemi, ils sont tous devenus fous. L’Alsace, la Lorraine ! Comme ces contrées me paraissent loin… Je n’étais pas né lorsque ces provinces sont devenues allemandes et je n’ai pas le sentiment qu’il me faille risquer ma peau pour elles.
Je m’appelle Jules Mazel, je suis de la classe 1910 et il n’y a pas très longtemps que j’ai quitté la caserne. Je sais à quel point toutes ces années passées loin de la ferme ont fait cruellement défaut à ma famille et mon absence a été durement ressentie pendant que j’accomplissais mon devoir. À vingt quatre ans, j’assume avec beaucoup de peine l’héritage de la terre que m’ont transmis mes aïeux, les tâches sont dures, ingrates, les bénéfices sont maigres et les résultats souvent médiocres.
2 août 1914
La matinée était chaude et étouffante, et c’est vers les 11 heures que j’aperçus le long de la barrière de la clôture monsieur Barrère, le maître d’école qui me faisait de grands gestes de la main. Au même moment j’entendis sonner la cloche de l’église ; il n’y avait pas d’erreur, c’était le tocsin. « C’est l’ordre de mobilisation générale ! me lança monsieur Barrère. Ça devait arriver, cette fois c’est pour de vrai, nous devons tous rejoindre le bureau de recrutement le plus rapidement possible. » À ces mots, mon sang se glaça. J’eus beaucoup de mal à contenir mon émotion et pendant un court moment tout s’embrouilla dans mon esprit. Ça y est, c’est la guerre ! Peut-être pas encore ? Elle n’est pas tout à fait déclarée ! Quelle idiotie ! Mais pourquoi ? Je restais là, décontenancé, sans savoir quoi faire, quoi dire. Puis, l’instituteur me tapa amicalement sur l’épaule et dit : « Allez Jules ! Ne me dis pas que tu ne t’y attendais pas ? Il y a des semaines que tout le monde en parle, on va leur mettre une bonne raclée à ces allemands ! »
Nous arrivâmes au village vers midi, un petit attroupement d’habitants s’était formé autour des deux gendarmes qui venaient de placarder l’ordre du jour. Quelques jeunes enfants en culottes courtes y gravitaient autour, attirés par la curiosité de ce spectacle inhabituel qui venait rompre un peu la monotonie de leurs vacances rurales.
3 août 1914
La guerre est déclarée chez moi, tout le monde était sous le choc, mon père qui était atteint par la limite d’âge demeurait silencieux, ma femme s’isolait dans son chagrin et pleurait en cachette. À chaque fois que nos regards se croisaient, furtivement elle essuyait une larme d’un revers de main.
On en parle dans la presse
Si ce livre était une musique, quelle serait-elle ? Prélude pour piano « Des pas sur la neige » de Debussy ou…. Lire la suite
Ce livre très bien écrit nous parle en toute simplicité de la grande guerre. Du premier jour jusqu’à l’armistice…Lire la suite
J’essaie alors de comprendre comment ces hommes et ces femmes ont subi et surmonté leur existence…Lire la suite
Dans un style très classique, l’auteur nous fait vivre ces moments de vie et le lecteur sent l’odeur du café chaud, la boue qui alourdit pesamment chaque pas… Lire la suite
Interview vidéo de l’auteur. Voir la vidéo
J’essaie alors de comprendre comment ces hommes et ces femmes ont subi et surmonté leur existence… Lire la suite
Jean-Marie BORGHINO
Il est né en 1952 à Marseille. Issu d’un milieu modeste, il vit une enfance dans des conditions matérielles difficiles. Il entre dans la vie active dès l’âge de 18 ans, dans le domaine de l’industrie mécanique. Il se marie en 1975 (a deux filles en 1976) puis divorce 20 ans plus tard. Professionnellement, il se met à son propre compte. Lorsque sa société ferme, il devient fonctionnaire à la ville d’Aix en Provence, au service de la collecte comme éboueur. Il est aujourd’hui retraité. Il a rencontré en 1997 sa compagne actuelle : sans sa présence et son soutien moral ce livre n’aurait jamais vu le jour.
Parcours atypique pour ce passionné d’histoire et particulièrement de la première guerre mondiale (mais aussi de la guerre de Sécession américaine). Sa rigueur historique et sa simplicité nous emmène directement au cœur de cette tragédie, qui a 100 ans cette année.