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Publié en septembre 2014
200 pages
ISBN : 978-2-37114-013-4
Résumé
Extrait
15 h 10, Ferdinand sonna à la porte. Sous ses pieds, un paillasson proclamait : « Bienvenue ! » en lettres colorées noyées sous une pluie de fleurs totalement incongrues pour un mois de novembre.
— Madame Granolier, bonjour !
— Monsieur Maréchal, je vous attendais, entrez. Il fait un peu frisquet. Vous m’excuserez, mais cette maison est inhabitée depuis trois mois et je n’ai pas eu le courage de mettre le chauffage.
Effectivement. Il faisait plus froid à l’intérieur qu’à l’extérieur. Mais le chauffage était-il le seul à blâmer ? Ferdinand considéra le rez-de-chaussée où il venait d’entrer : complètement vide. Aseptisé. Il flottait une trop forte odeur de javel. Elle agressait la narine et hérissait la peau. Qu’avait-on voulu faire disparaître de plus que la saleté ? En tout cas, le résultat était saisissant : Ferdinand ne ressentit aucune atmosphère se dégager de la maison. Il en fut désorienté. Il se raccrocha à sa cliente, seule preuve de vie dans ce cadre stérilisé.
La femme était petite, maigre. Ses yeux cernés et clignotants derrière ses lunettes ne parvenaient pas à éclairer un visage blême sous un casque de cheveux gris. Madame Granolier avait soixante-dix ans, mais en paraissait bien davantage. Ses épaules étaient voûtées et sa voix brisée. Elle était vêtue apparemment des premiers habits qu’elle avait trouvés. Elle serrait les pans d’une veste informe autour d’elle comme s’ils allaient la réchauffer.
— Vous allez bien, madame Granolier ?
— Oui, non. Écoutez, si vous n’y voyez pas d’inconvénient, faisons vite. Je ne tiens pas à rester ici plus longtemps que nécessaire.
— Je comprends, répondit Ferdinand, pieux comme son mensonge.
— Vous comprenez ? Vraiment ? Je n’en suis pas sûre. Pourquoi tenez-vous à revoir cette maison ? Vous êtes déjà venu l’expertiser la semaine dernière. Cela devrait être suffisant. Vous avez pris des photos. Nous avons répondu à toutes vos questions, je ne vois pas ce qu’il y a à ajouter. Dites-nous simplement quand la maison sera mise en vente dans vos locaux. Si c’est une question de prix… Vous pensez que le prix de vente est trop élevé ? Nous pouvons baisser si vous voulez. L’important est que cette maison soit vendue. Au plus vite.
— J’entends bien, madame Granolier, et cela sera fait dans les plus brefs délais. Je suis sûr que nous trouverons rapidement preneur. Simplement, il est nécessaire que j’aie toutes les informations concernant cette maison, vous comprenez ? Un acquéreur potentiel a besoin de connaître tous les détails, même ceux qui vous paraissent hors de propos. En effet, l’achat d’une propriété est souvent un acte irraisonné contrairement à ce que l’on croit : vous visitez et vous êtes conquis, tout est clair, cette maison évidemment vous est destinée. Elle n’a pas de secret pour vous. Vous pouvez vous y installer sans arrière-pensée, prendre toute la place et la faire vôtre, car elle est disponible.
Madame Granolier s’arrêta net dans le vestibule. Elle se retourna pour faire face à Ferdinand, le sourcil levé.
cinq, déchiré autant, je n’ai rien trouvé qui échappe au mauvais goût (regard de braise)ou à la platitude (yeux bruns). Peut-être, dans une prochaine lettre, vous enverrai-je une photo…[…].
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Une critique de Adeuxlignes.fr
… puis je n’ai plus du tout lâché le livre … Ce fut une bien belle surprise. J’ai été happée par cette histoire dense tout en étant rapide et fluide. J’ai apprécié les personnages à la psychologie travaillée et crédible.
Ln CAILLET
Les écrits d’Ln Caillet plongent leurs racines dans la Saône où miroitent les pierres dorées des Monts d’Or ainsi que les colonnes du vieux palais de justice. Son écriture concise, ciselée et légèrement détachée s’est construite au gré des ondes qui baignent Lyon. Enrichies d’alluvions ou de reflets comme autant de forces sombres ou de trompe-l’œil à traquer, les histoires qui conduisirent Ln Caillet au quai du polar en 2008 pour Machines à tuer ne sont pourtant pas sans appel. En effet, elle se penche sur l’humain avec une aménité lucide. Ne fuit aucune noirceur, mais jamais ne condamne. Cela correspond à son éthique, laquelle irrigue son parcours puisqu’elle fut avocate. De ce fait, elle but la vie des autres avant de la réinventer et d’en reconstruire les méandres – de la cave au grenier. Ce faisant, cette jeune femme née en 1971 n’oublia pas d’interroger ses propres héritages (Le Lectivore) ou les paradoxes de sa génération (Natures mortes). Maman de trois enfants, elle leur montre par la construction de son métier d’écrivain que l’on peut réaliser son rêve de jeunesse tout en prenant des risques. C’est avec passion qu’elle échafaude une œuvre littéraire dans laquelle elle se plaît à jouer avec les genres les plus divers pour créer l’atmosphère et le rythme requis par ses récits. Chaque livre possède ainsi sa propre physionomie et son propre univers, originaux comme le sont les meubles dont elle aime s’entourer et qu’elle crée parfois de toutes pièces, façonnant ainsi le monde où se déploiera son imagination. Et la nôtre.